Les membres de l’association s’expriment via Usbek & Rica

Yohan Kapongo et Alexis Galli, membres actifs de l’association, ont livré via Usbek & Rica une série de quatre articles publiés ces dernières semaines. Ils se sont prêtés au jeu suite à un appel lancé par l’association à tous ses membres, afin de les impliquer dans l’exercice d’analyse des interviews menés par Armel Le Coz, co-fondateur de l’association, à l’occasion de l’Edition 2020 des Rencontres du réseau des territoires d’innovation démocratique.

Découvrez, ci-dessous, la version originale de l’article

CITOYENNETÉ, DÉFIANCE DES INSTITUTIONS ET DÉMOCRATIE : QUEL FUTUR POUR NOTRE SOCIÉTÉ ?

La pandémie a donné lieu à un débat public d’ampleur. Dans le cadre de l’édition 2020 des Rencontres du réseau des territoires d’innovation démocratique, Armel Le Coz, co-fondateur de Démocratie Ouverte, collectif qui œuvre à la transformation démocratique de nos institutions, a réalisé quatre interviews avec différents élus et agents publics, engagés dans les transitions citoyennes et démocratiques. Nombreux sont les sujets qui ont été abordés pour identifier les défis à relever par notre société dans un contexte de crise sanitaire mais aussi de défiance envers les institutions. Les invités ont ainsi pu partager leurs ambitions en matière d’innovations démocratiques.

Fanny Lacroix, quand l’individu se retrouve grâce au collectif

Maire de la nouvelle commune de Châtel-en-Trièves en région Auvergne-Rhône-Alpes, vice-présidente de la communauté de communes du Trièves et 1ère vice-présidente du centre de gestion de l’Isère, Fanny Lacroix revient sur son quotidien d’élue locale.

Dans ce village aussi la défiance des habitants envers la politique se fait ressentir. Pour Fanny Lacroix et son équipe, l’idée fût alors de permettre à la population de s’engager dans les affaires publiques en mettant en place trois mécanismes :

  • Les “apprentis élus”, permettant aux citoyens de prendre part aux commissions municipales ;
  • “La commune a besoin de vous”, système d’interpellation des habitants par la maire sur des décisions importantes ;
  • Les ”conférences-débats”, faisant intervenir des experts sur des thématiques précises concernant la commune.

Fanny Lacroix propose en outre de clarifier la mission de maire pour qu’il ne soit plus un « maire de gestion » – comme c’est le cas pour la majorité des communes rurales – mais bien l’organe politique chargé des décisions publiques. De plus, les difficultés financières que traversent les élus locaux, liées à leurs indemnités (850€/mois pour Fanny Lacroix), ne leur permettent pas de s’engager pleinement dans leurs fonctions.

Léonore Moncond’huy et Ombelyne Dagicour, renouer avec la confiance citoyenne

Léonore Moncond’huy et Ombelyne Dagicour, maire de Poitiers et première adjointe, nous partagent leurs projets pour la ville.

Elles affirment que la transparence des décideurs politiques est la clé pour recréer une confiance citoyenne. Cependant, celle-ci doit être complétée par un contrôle et une participation des habitants à la politique communale. Elles ont alors mis (ou vont mettre) en place :

  • Une assemblée citoyenne afin d’être au plus près des quartiers ;
  • Un référendum d’initiative citoyenne ;
  • Des concertations publiques sur des projets communaux ;
  • Des temps de débats citoyens sur des questions de société ;
  • Des budgets participatifs.

Elles rappellent aussi à Armel le Coz que la décentralisation est une bonne solution pour réengager le dialogue avec les citoyens, à condition toutefois de donner des moyens suffisants aux collectivités pour agir. Enfin, la maire de Poitiers développe l’idée que la politique doit avoir pour objectif d’accompagner les associations de terrain et de créer un contexte propice à l’engagement des citoyens malgré leurs contraintes (prise en charge des frais de garde des enfants par exemple).

Johanna Rolland, une maire impliquée dans le dialogue citoyen

Maire de Nantes depuis 2014, Johanna Rolland a suivi une formation sur les enjeux politiques de la ville et de la démocratie participative ainsi que sur la transformation des quartiers populaires.

Selon elle, plusieurs actions sont à mener au sein de notre gouvernement :

  • Établir une obligation de résultat des politiques publiques vis-à-vis du citoyen ;
  • Favoriser l’engagement citoyen. Elle a ainsi mis en place, à Nantes, une convention citoyenne où chaque habitant est convié à participer à des débats sur les projets territoriaux ;
  • Restaurer un dialogue entre les différentes populations de la société de manière à construire des projets plus équitables et plus durables.

Ces mesures, qui résonnent avec l’objectif de développement d’une démocratie plus participative, s’accordent aussi parfaitement avec les caractères d’une démocratie délibérative où l’accent est mis sur le débat public. Une articulation du pouvoir qui ne pourrait pas avoir lieu sans le patriote lui-même.

Chantal Jouanno, le débat public au cœur de l’évolution sociétale

Ancienne ministre des sports et ancienne sénatrice, Chantal Jouanno est aujourd’hui présidente de la commission nationale du débat public (CNDP). Elle a ainsi pu constater deux axes sur lesquels notre société doit travailler :

  • La défiance du citoyen face aux pouvoirs publics, aux médias et aux syndicats, traduction d’une colère profonde (Cf. “gilets jaunes”).
  • L’engagement du citoyen au niveau associatif, politique et syndical. L’objectif est de tendre collectivement vers un idéal de société plus inclusif, où les administrés seraient plus intégrés aux décisions publiques.

Le futur sera marqué par une transition lente et forcée – notamment par la crise climatique – mais qui reposera sur de nouvelles bases démocratiques, un monde plus transparent et où des prérogatives plus importantes seront données aux collectivités. 

Enfin, l’opacité politique est le combat du CNDP. Les problèmes de transparence politique poussent cet organisme à proposer des modifications législatives pour tendre vers une démocratie d’interpellation. De plus, il défend que le leader politique doit être avant tout un co-décisionnaire du projet patriote. Cette vision aujourd’hui française s’étendra probablement chez nos voisins européens, puis internationaux. 

Pour conclure

De ces témoignages ressortent certaines nécessités : encourager l’engagement citoyen, mieux articuler le pouvoir et favoriser la transparence politique. 

Sans elles, la colère citoyenne risque de s’accentuer, bien plus que lors des « Gilets Jaunes » ou de « Nuit Debout ». Une occasion unique de repenser notre système démocratique afin de résoudre nos crises contemporaines.

Le mot des auteurs

Yohan Kapongo

J’ai accepté la mission de rédaction d’article pour Démocratie Ouverte car je trouvais qu’il était intéressant de mettre en lien le discours de cinq interlocutrices dont les métiers sont plus ou moins différents, mais où les problèmes sociétaux relevés et les solutions recherchées par celles-ci se ressemblent et se complètent !

Conseiller financier à BNP Paribas

Alexis Galli

 J’ai accepté la mission de Démocratie Ouverte pour aider à faire connaître les initiatives démocratiques d’élues locales. Dans un contexte de défiance envers les institutions, il apparaît primordial de communiquer sur ces nouvelles pratiques politiques plus modernes et plus inclusives.

20 ans, étudiant en 2ème année en double licence Droit-Economie à Paris-Saclay,

Vous pouvez consulter chaque article individuellement sur Usbek & Rica et revivre les interviews !

Merci à Alexis et Yohan !