Une campagne participative : comment aller plus loin ?
Chaque semaine jusqu’aux élections municipales, nous vous proposons d’explorer une dimension de la démocratie locale ouverte. Cette semaine, découvrez comment faire campagne autrement, selon les valeurs de la démocratie ouverte.
Le moment de la campagne est crucial. Il donne le ton du mandat que vous allez mener, cristallise les espoirs des électeurs et pose les fondements de la confiance que les citoyens pourront accorder. Comment faire de votre campagne un moment fort de démocratie ouverte, en cohérence avec les valeurs participatives et collaboratives que vous souhaitez porter tout au long de votre mandat ?
Faire campagne selon les valeurs de la démocratie ouverte, c’est impulser une culture de la participation qui durera tout au long du mandat. Co-construire un programme avec les habitants pour les rendre acteurs des décisions qui impactent leur territoire. Questionner avec eux le rôle de leurs élus et définir les règles d’éthique qui guideront le mandat.
Pour vous guider, nous vous proposons ici d’interroger le fonctionnement interne de la liste, la relation aux acteurs du territoire, la posture des futurs élus et leur éthique politique.
La composition de la liste et ses règles de fonctionnement
Qui doit composer une liste ? De nombreuses listes ressemblent à une alliance opportuniste de plusieurs mouvances politiques, qui au long du mandat cohabitent parfois difficilement. Pour créer un nouveau collectif plus ouvert au service de l’intérêt général, la mise en ligne d’une plateforme d’inscription accompagnée d’une communication adaptée et d’un travail au plus près des habitants peut être une solution pour susciter l’engagement. En complément, tirer au sort une partie de sa liste permet d’inclure des personnes qui ne se sentiraient pas suffisamment légitimes ou informées pour s’inscrire d’elles-mêmes.
Comment le pouvoir est-il partagé au sein de la liste ? Casser l’image du maire solitaire qui décide de tout et développer une culture de la coopération au sein du conseil municipal : ces deux ambitions requièrent de transformer sa relation au pouvoir dès le début de sa campagne. Plutôt que de confier les décisions les plus stratégiques à la tête de liste, il est possible de les prendre de manière collective. S’en suivra d’autant plus d’engagement et de cohésion d’équipe. Une grande diversité d’outils et d’approches sont proposés par des collectifs comme l’Université du Nous, Mieux Voter, Loomio ou encore la Belle Démocratie.
La désignation de la tête de liste et l’attribution des postes et rôles est également l’occasion de re-questionner le rôle de l’élu et ce qu’on attend de lui. L’élection sans candidat permet ainsi d’éviter la lutte des égos et d’élire des responsables pour des compétences et des qualités humaines définies collectivement (ex : écoute, médiation, sens du collectif).
Impliquer les habitants et acteurs du territoire
Impliquer les acteurs du territoire dans sa campagne pour mieux répondre à leurs besoins nécessite de bien les connaître : la première étape consiste donc à établir une cartographie participative avec les habitants des différentes entreprises, associations et établissements publics présents sur la commune.
Associer les habitants et acteurs du territoire à la définition du programme demande de répondre à trois questions : Pourquoi ? : quelles sont les raisons pour lesquelles on souhaite faire participer les citoyens, quelle ambition de démocratie locale ? Sur quoi : sur quelles thématiques, quels enjeux, quelle vision partagée veut-on recueillir leurs avis et propositions ? Dans quelle mesure souhaite-t-on les associer? : est-ce une consultation, une concertation, ou une co-construction, et sur quel périmètre s’exerce-t-elle (compétences, temporalité, moyens) ? Des réponses à ces questions découle le choix du format le plus pertinent : les plateformes numériques sont utiles pour recueillir les idées et tenir les habitants informés de l’évolution du programme ; les rencontres physiques, en plus du porte-à-porte et de la présence dans la ville, permettent aux habitants d’approfondir les enjeux complexes, de débattre ensemble des propositions et d’en suggérer de nouvelles si les techniques d’animation sont appropriées (agora populaire, world café, débat mouvant…).
Enfin, bien penser sa communication est nécessaire pour réussir à impliquer largement : il faut informer via une multiplicité de canaux (courrier, mail, réseaux sociaux, réunion publique…), de façon compréhensible et adaptée aux différents publics, sans pour autant nier la complexité des enjeux.
Refonder le lien de confiance et l’éthique politique
Doter sa liste d’une charte éthique permet de définir un socle de valeurs communes et de renforcer sa démarche de transparence et de co-responsabilité avec les citoyens. Dans la code éthique de la liste Barcelona en Comú, sont par exemple explicités les engagements de démocratisation de la représentation politique, de financement de la campagne et de lutte contre la corruption. Dépassant la déclaration d’intention, le code prévoit des mécanismes de contrôle de l’activité des futurs élus. Sur le financement de la campagne, il tourne le dos aux fonds vautours, anticipe la gestion des conflits d’intérêt, prône la limitation drastique des frais de campagne et promeut son financement participatif.
La transparence vis-à-vis des relations avec les autres listes et partis politiques est également cruciale. Pour ne pas céder aux logiques d’appareil, il est important d’expliciter sa stratégie politique face aux listes concurrentes, et récuser les alliances et négociations souterraines — notamment au second tour — qui renforcent la défiance des électeurs.
En conclusion…
Le candidat que je suis détermine l’élu que je veux être. Dès la campagne se jouent des enjeux majeurs du mandat : la connaissance des acteurs du territoire, la refondation de l’éthique politique, le contrat de participation, la posture d’humilité et la répartition des rôles élu-agent/public-habitant. Loin de suivre une stratégie de conquête ou de marketing électoral, la campagne pose les bases d’une démocratie locale ouverte de qualité.
Faut il avoir les 33 colistiers pour déposer ma candidature à la préfecture le 27FÉVRIER ?