Cet atelier participatif, animé par Julien Roirant, facilitateur et fondateur d’AgoraLab, a réuni plusieurs intervenant·es clés : Louis Augereau, designer à au Vraiment Vraiment; Loïc Blondiaux, politiste et sociologue; Clément Girard, directeur de la Participation citoyenne de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg; et Amandine Ilolo, responsable innovation et participation citoyenne chez Démocratie Ouverte. 

Conçus par Démocratie Ouverte et l’agence de design Vraiment Vraiment, les microparlements des vivants sont des assemblées locales visant à intégrer la voix de la nature dans l'élaboration des politiques publiques locales. Agents, élu·es et citoyen·nes sont formé·es pour représenter une espèce ordinaire (mulet, frêne…) au sein d’un groupe chargé d’assurer les intérêts d’un milieu (prairie, fleuve…). L’objectif : veiller à mieux prendre en compte les intérêts environnementaux dans une optique de préservation de l'environnement et de la biodiversité.

Ces modèles d’implication directe des citoyen·nes - assemblées citoyennes, convention citoyenne, etc - qui s’inscrivent dans un processus de démocratie délibérative, sont essentiels. Ils permettent de créer les conditions pour faire émerger des solutions concertées avec l’ensemble des parties prenantes, afin de répondre aux enjeux urgents de la transition écologique.

L’évènement a débuté avec la prise de parole de Loïc Blondiaux pour expliquer en quoi l’expérimentation des microparlements est utile pour la démocratie. Selon lui, pour répondre aux enjeux écologiques (réchauffement climatique, extinction du vivant), il est nécessaire de rompre avec les formes de gouvernement actuelles qui répondent à des logiques financières et politiciennes de court terme, et qui, par conséquent, ignorent les limites naturelles et favorisent des intérêts économiques. 

Il a souligné l’urgence de penser la politique à l’échelle du vivant, ce qui signifie que les non-humains (tels que les abeilles, les surmulots ou encore les rivières) doivent être représentés au même titre que les humains. L’idée primordiale est de faire dialoguer les humains et les non humains.

Suite à la question d’une participante, Louis Augereau a précisé que les espèces représentées dans le microparlement dépendent des enjeux du territoire concerné par l’expérimentation et que le choix des espèces implique l’appui d’associations environnementales qui connaissent bien le territoire en question.

Clément Girard a ajouté que l’introduction du vivant dans la fabrique des politiques publiques est une manière de donner un futur désirable dans la crise politique et démocratique actuelle. Selon lui, il est également essentiel de changer de paradigme, de changer d’échelles temporelles, et de relier les villes et les campagnes. 

Amandine Ilolo et Louis Augereau ont ensuite énuméré les dix étapes du dispositif, de la co-conception de la démarche avec différents acteurs lors d’un évènement festif à la restitution aux concitoyen·nes. Vous pouvez (re)trouver toutes les étapes du dispositif dans ce guide.

Loïc Blondiaux a tenu à préciser que l’expérimentation des microparlements est encore à un stade expérimental et que les acteur·ices impliqué.es vont devoir faire plusieurs tests avant de voir le dispositif devenir robuste. Néanmoins, il affirme qu'à minima, cette expérimentation servira de contrepoids à “l’anthropocentrisme structurel de nos institutions”. 

Les intervenant·es ont également souligné l’importance de laisser une place aux élu·es. D’abord, parce que la démocratie participative ne peut fonctionner que s’il existe une volonté politique et un engagement fort des élu·es dès le début de l’expérimentation, car la démocratie participative ne peut être qu'une forme d’amélioration de la démocratie. Il est nécessaire d’avoir des forums hybrides, réunissant habitant·es, élu·es et spécialistes, pour garantir une représentation équitable. 

Enfin, les élu·es jouent un rôle crucial dans la traduction des demandes et recommandations issues de ces parlements en langage politique. Or, sans ce dispositif de traduction en politiques concrètes, rien ne sera possible. 

Enfin, Julien Roirant a questionné Clément Girard sur la potentielle mise en place d’un microparlement à Strasbourg. Selon lui, le moment est opportun pour expérimenter ce type de dispositif, car celui-ci condense l’ensemble des innovations déjà testées dans la ville. 

Le public a ensuite été interrogé sur la même question. À savoir, si certain·e·s participant·e·s souhaitent tester le microparlement sur leur territoire. De nombreuses mains se sont levées, démontrant un bel enthousiasme de leur part de voir ce dispositif grandir et d’enfin inviter véritablement le vivant à la table des politiques locales !

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Pour en savoir plus, rendez-vous sur : https://biodiversite-administrative.fr/microparlements/